Résultats ou style : faut-il vraiment choisir ?

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Depuis quelque temps, une campagne de dénigrement orchestrée à l’encontre de notre sélectionneur national a pris une ampleur qui dépasse l’analyse sportive. On ne parle plus de résultats, de stratégie ou de construction d’équipe. Non, ce qu’on lui reproche aujourd’hui, c’est de ne pas « faire rêver ». Parce que son équipe ne brille pas par un jeu flamboyant, on voudrait faire oublier qu’elle gagne, qu’elle progresse, qu’elle atteint ses objectifs.

Mais remettons les choses à leur place.

À l’heure des bilans, les faits sont têtus : sous sa houlette, la sélection a enchaîné les victoires, grimpé au classement, franchi des caps que beaucoup n’osaient espérer il y a encore quelques saisons. Des défaites évitées face à de grandes nations, des qualifications assurées sans trembler, un groupe soudé, discipliné et ambitieux. Cela ne suffit-il pas ?

Le débat sur la beauté du jeu est légitime. Le football est un spectacle, et chacun est en droit d’en attendre de l’émotion. Mais faut-il pour autant sacrifier l’efficacité sur l’autel de la « beauté » ? L’histoire du football est riche d’équipes championnes qui ne plaisaient pas à tout le monde. L’Italie de 1982, la Grèce de 2004, même la France de 2018 ont été critiquées pour leur style. Pourtant, elles ont gravé leur nom dans la légende.

Ce que notre sélectionneur propose aujourd’hui, c’est une vision. Elle est fondée sur la rigueur, l’organisation, et une culture du résultat. C’est ce qui permet à une nation de bâtir sur le long terme. Et c’est ce qui, demain, permettra aussi le développement d’un jeu plus audacieux, plus créatif, parce qu’il reposera sur des fondations solides.

Alors oui, on peut souhaiter plus de panache, plus de folie. Mais ce n’est pas une raison pour nier les acquis, pour salir le travail accompli, ou pour oublier que le football n’est pas seulement une question d’esthétique, mais aussi — et surtout — une affaire de maîtrise, d’intelligence et de résultats.

Critiquer est sain, dénigrer est dangereux. Soutenir un sélectionneur qui gagne, même sans faire l’unanimité sur la forme, c’est faire preuve de lucidité. Et c’est surtout refuser l’ingratitude.