Par Admin

 

Dans son édition du 26 janvier, l’équipe de la rédaction de “Africa Top Sports” consacre un long article à Fouzi Lekjaa, président de la Fédération Royale Marocaine de Football (FRMF) à l’occasion de sa candidature pour un siège au sein de la fédération internationale de football(FIFA), Msport.ma publie ici l’intégralité de l’article.

 

 Ses premiers pas dans le football commencent en tant que président du club de la RS Berkane, ville de 100 000 habitants, qui végète alors en division amateur (3e division marocaine).  Il révolutionne le club à travers une vision en trois axes : l’amélioration des infrastructures pour l’équipe A et le football de masse régional, la mise en place d’une gouvernance efficiente avec un management professionnel, et enfin l’implémentation d’un financement pérenne. Ainsi, la RS Berkane va passer en quelques années d’un modeste club de 3e division à club majeur de 1e division qui lutte pour le titre, qui participe régulièrement aux compétitions continentales (deux finales de Coupe de la CAF dont une remportée l’an dernier contre le FC Pyramids), et qui fait aujourd’hui partie du top 10 des clubs africains selon le dernier classement de la CAF. La RSB possède également aujourd’hui l’un des meilleurs centres de formation du pays.

 En 2014, Fouzi Lekjaa devient Président de la Fédération Royale Marocaine de Football.

 Durant son mandat, il met en place une politique sportive ambitieuse axée sur trois piliers.

 Le premier est le développement des infrastructures. Fouzi Lekjaa a déclaré lors d’une interview avec le journaliste Alain Foka “on est a plus de 200 pelouses synthétiques aux normes, on a une vingtaine de stades avec pelouses naturelles et éclairages aux normes, on est à une bonne dizaines de centres de formation de clubs qui répondent à toutes les conditionnalités, on à cinq centres régionaux, et on a courroné tout cela avec le Complexe Mohammed VI de Football, l’un des meilleurs centres au monde qui répond à toutes les normes”.

 Le deuxième pilier concerne la gouvernance des clubs, grandement améliorée. Ainsi, les clubs doivent devenir des sociétés anonymes et sont placés sous la surveillance de la Direction Nationale de Contrôle et de Gestion. En contrepartie, la FRMF octroie à chaque club première division une subvention annuelle d’environ 600 000 euros. Les clubs qui participent aux compétitions continentales bénéficient d’une aide financière de la fédération, pour les voyages et l’hébergement.

 Enfin, la FRMF a également mis l’accent sur la formation des jeunes joueurs, susceptibles d’intégrer des clubs professionnels. Aussi, elle encourage le sport études au niveau des clubs et des centres régionaux. Pour Fouzi Lekjaa, “le sport étude est une nécessité. La fille ou le garçon qui joue au football, on lui donne l’opportunité de poursuivre ses études. Même quand ce n’est pas un bon élève, on le convertit au niveau de la formation professionnelle pour apprendre un métier. Les jeunes sont donc armés d’un diplôme pour pouvoir intégrer un autre domaine d’activité.”

 Sous l’impulsion de Fouzi Lekjaa, les clubs marocains remportent plusieurs titres continentaux (Ligue des Champions 2017 pour le Wydad, Coupe de la CAF 2018 pour le Raja, Coupe de la CAF 2020 pour Berkane et les éditions 2017 et 2018 de la Supercoupe de la CAF). En 2020, les quatre équipes marocaines engagées en Ligue des Champions et en Coupe de la CAF ont réussi un sans-faute, en se qualifiant toutes pour les demi-finales, ce qui constitue une performance historique unique en Afrique.

 Les résultats de l’équipe nationale s’améliorent nettement sous le mandat de Fouzi Lekjaa : alors que le Maroc n’avait pas franchi le premier tour de la CAN depuis 2004, il se qualifie pour les ¼ de finale en 2017 et passe le deuxième tour en 2019. De plus, le Maroc réussit à se qualifier à la Coupe du Monde 2018 en Russie, 20 ans après sa dernière participation.

 Le Maroc a aussi remporté le CHAN 2018 et la CAN de Futsal 2020, les deux compétitions ayant eu lieu à domicile. L’équipe nationale U20 est parvenue à se qualifier à la CAN U20 qui aura lieu en Mauritanie, ce qui ne s’était pas produit depuis 15 ans.

 C’est sous l’impulsion de Fouzi Lekjaa que se développe le football féminin au Maroc. Ainsi, une Ligue Nationale de Football Féminin a été mise en place et peu après un ambitieux “Plan Marshall pour le Football Féminin” a été présenté. Le budget du football féminin a été multiplié par 6, pour atteindre 5,8 millions d’euros. La saison 2020/2021 est la première édition professionnelle du championnat national féminin de première et deuxième division, ce qui constitue une avancée majeure pour le football féminin marocain. Les joueuses ont des salaires minimums garantis et un contrat professionnel obligatoire alors que les clubs doivent avoir un staff complet ayant des licences professionnelles.

 L’équipe nationale féminine recrute l’un des meilleurs coachs, Reynald Pedros, double vainqueur de la Ligue des Champions de l’UEFA.

 Par ailleurs, le Maroc devient en 2019 le premier pays africain à utiliser l’assistance vidéo (VAR) pour ses matchs de championnat de première et de deuxième division.

 Fouzi Lekjaa a donc contribué à améliorer nettement l’état du football marocain, masculin et féminin, qu’ils s’agissent des clubs ou des équipes nationales. Vice-Président de la CAF et candidat à un siège au Conseil de la FIFA aux élections de mars 2021, Fouzi Lekjaa a aussi une vision nette et dépassionnée du football africain, cohérente avec la stratégie qu’il a implémentée au niveau du football marocain. Toujours chez Alain Foka, il a déclaré, à propos des infrastructures, que “le grand déficit de l’Afrique est lié au déficit de l’infrastructure. Notre continent a besoin d’un plan Marshall de développement des infrastructures footballistiques. Il faut admettre cette priorité. On ne pourra pas développer nos compétitions avec cette infrastructure, on ne pourra pas développer le marketing dans le futur, tout est lié, c’est une chaine, il faut commencer par le commencement”.

 “On peut faire un plan marshall dans tous les pays en commençant là où le déficit est énorme. L’expérience est là, on peut faire de belles choses en deux ans, avec un financement qu’on peut ramener, et amortir sur la durée, sur une maturité de 20-30 ans à partir de subventions. Je continuerai à militer pour la mise en place de cela. La FIFA peut sortir de l’argent sur le marché à des taux zéros, et la CAF en soignant son image, sa gestion et sa gouvernance pourrait le faire aussi dans presque les mêmes conditions”.

Il a aussi un avis intéressant sur l’importance d’avoir une gouvernance efficiente au sein de la CAF : “La CAF en tant qu’institution a besoin de renforcer ses capacités managériales, de mettre en place des véritables procédures de management basées sur l’atteinte d’objectifs, de transparence et de clarté des procédures. C’est nécessaire. Si on arrive à améliorer nos capacités d’investissements d’infrastructures pour permettre de garder la valeur ajoutée et de l’exporter en négociant une part de retour, et si on arrive à réformer notre management et notre gouvernance, ces réformes ensembles permettront au football africain non seulement de rivaliser mais de faire un pas de géant au niveau du positionnement international, parce que le talent est là, les jeunes existent et le potentiel est énorme, on aura le droit a ce moment là de rêver d’une équipe nationale africaine en finale de Coupe du Monde, et on pourra réduire les écarts avec les autres confédérations de manière substantielles”.

 “La CAF doit se moderniser, et cela concerne tous les aspects de gouvernance, le juridique, la digitalisation, le contrôle, l’audit, la bonne gestion et la transparence, c’est fondamental pour une institution comme la CAF. Cela ne veut pas dire qu’aujourd’hui il n’y a rien, mais la CAF a malheureusement subi une stagnation trop longue et il faut donc faire un saut qualitatif énorme. L’intelligence c’est de trouver le moyen, les procédures pour faire ce saut sans qu’il y ait de fractures profondes”.

 Promoteur d’une plus grande coopération sud-sud entre les pays africains (la FRMF a signé plus d’une quarantaine de conventions de partenariats avec d’autres fédérations africaines), Fouzi Lekjaa affirme que la réussite du football africain ne pourra être que collective et préconise la mutualisation des efforts. “On a permit, on permet et on permettra aux équipes nationales africaines de venir au moment qu’ils souhaitent de passer des stages et de profiter des évolutions technologiques et de la performance qui existe au niveau du Complexe Mohammed VI parce qu’en toute état de cause la réussite au niveau de notre continent ne peut être que collective et l’évolution ne pourra être que collective.”